Le premier couloir de navigation verte reliera la Chine et les Etats-Unis. Quelques mois seulement après la COP 26, où plusieurs Etats avaient affiché l’ambition de mettre en place la transition écologique du transport maritime, une première initiative concrète a déjà été lancée. C’est dans le cadre du C40 Cities Climate Leadership Group, organisation regroupant les maires des principales villes du monde, que la décision a été prise :
“The Port of Los Angeles, Port of Shanghai, and C40 Cities will work with leading industry partners to reduce greenhouse gas emissions from the movement of cargo throughout the 2020s including a goal to begin transitioning to zero-carbon fuelled ships by 2030 in a bid to slash emissions from one of the world’s busiest cargo routes.”
Concrètement, il s’agira de réduire les émissions de gaz à effet de serre émanant du transport maritime sur cette route, de façon progressive tout au long des années 2020 jusqu’à arriver à la neutralité carbone en 2030. La mesure consiste également à mettre en place de meilleures pratiques de gestion afin d’abaisser au maximum les émissions de gaz à effet de serre, et ce, même dans les opérations portuaires.
La mobilisation des acteurs locaux, secteurs publics et privés travaillant de concert pour assurer la décarbonisation du transport maritime, témoigne d’une approche globale encore rarement observée sur la scène internationale. Il faut bien admettre que l’enjeu est de taille. Alors que la trajectoire actuelle du réchauffement climatique dépasse amplement 2°C d’ici la fin du siècle, le transport maritime représente à lui seul 3% des émissions annuelles de gaz à effet de serre. On estime par ailleurs que le volume brut du commerce mondial devrait quadrupler d’ici 2050, la part constante de 90% étant acheminée par voie maritime.
Dans cette perspective, la création du corridor vert reliant Los Angeles et Shangaï, une des voies maritimes les plus empruntées au monde, est à appréhender dans sa globalité. La pratique est en effet appelée à se reproduire, de façon multiple, entre de nombreuses villes. Plus les corridors verts seront nombreux, plus les effets sur les océans, et par conséquent sur le climat, se feront ressentir.
En effet, face à la menace climatique, les simples mesures de réduction des émissions de gaz à effet de serre se heurteront encore longtemps à un seuil irréductible : le retour en arrière de l’Inde au sujet de l’emploi du charbon lors de la COP 26 l’a bien prouvé. C’est pourquoi il est particulièrement nécessaire d’assurer dès maintenant la pérennité des puits de carbone. A ce titre, l’Océan absorbe près d’un tiers des émissions de gaz à effet de serre, ainsi que plus de 90% du surplus d’énergie thermique généré par le réchauffement de l’atmosphère. Sa dégradation par la pollution, et par extension, une baisse de sa capacité d’atténuation du réchauffement climatique, ne sont donc pas envisageables.
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